1 October 1993
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4 'La colonisation est la force expansive d'un peuple,
5 c'est sa puissance de reproduction....'
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7 edited by Marijan Salopek
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9 Editor's Note:
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11 Readers are advised that special characters were used
12 to present accented letters. A copy of the original
13 file with French characters preserved is available upon
14 request. Write to: ua832@freenet.victoria.bc.ca.
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17 Foreign Language Code
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19 Grave accent: a`, e`, u` Cedilla accent: c~
20 Acute accent: a', e' Circumflex accent: ^a, ^e, ^i, ^o, ^u
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23 Extract
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25 Nous sommes arrive's au terme de cette longue e'tude; nous
26 n'avons pas l'intention de la clore par un dithyrambe. Il est
27 des faits trop e'vidents aux yeux de tout homme de sens pour
28 qu'il soit ne'cessaire de les formuler dans de re'sonnantes
29 pe'riodes. La colonisation est la force expansive d'un peuple,
30 c'est sa puissance de reproduction, c'est sa dilatation et sa
31 multiplication a` travers les espaces; c'est la soumission de
32 l'univers ou d'une vaste partie a` sa langue, a` ses moeurs, a`
33 ses ide'es et a` ses lois. Un peuple qui colonise c'est un
34 peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l'avenir et de
35 sa supre'matie future. Toutes les forces vives de la nation
36 colonisatrice sont accrues par ce de'bordement au-dehors de cette
37 exube'rante activite'. Au point de vue mate'riel le nombre des
38 individus qui forment la race s'augmente dans une proportion sans
39 limite; la quantite' des ressources nouvelles, des nouveaux
40 produits, des e'quivalents en e'change jusqu'alors inconnus, qui
41 se trouvent solliciter l'industrie me'tropolitaine, est
42 incommensurable; le champ d'emploi des capitaux de la me'tropole
43 et le domaine exploitable ouvert a` l'activite' de ses citoyens,
44 sont infinis. Au point de vue moral et intellectuel, cet
45 accroissement du nombre des forces et des intelligences humaines,
46 ces conditions diverses ou` toutes ces intelligences et ces
47 forces se trouvent place'es, modifient et diversifient la
48 production intellectuelle. Qui peut nier que la litte'rature,
49 les arts, les sciences d'une race ainsi amplifie'e n'acquie`rent
50 un ressort que l'on ne trouve pas chez les peuples d'une nature
51 plus passive et se'dentaire? Il se produit aussi dans ce domaine
52 intellectuel un phe'nome`ne analogue a` celui que nous avons
53 note' dans le domaine de l'industrie. Quand le personnel des
54 arts libe'raux se recrute parmi les citoyens d'une m^eme race,
55 qui ont peuple' de vastes contre'es des autres parties du monde,
56 n'est-il pas naturel que les oeuvres intellectuelles soient plus
57 nombreuses et plus remarquables? D'un autre c^ote', quand un
58 e'crivain sait qu'il s'adresse dans sa propre langue a` des
59 milliers de lecteurs situe's a` des milliers de lieues, quel
60 encouragement n'est-ce pas, quel appui et en m^eme temps quel
61 frein? Si ces effets bienfaisants ne se font pas sentir avec une
62 grande intensite' dans la premie`re pe'riode des e'tablissement
63 coloniaux, c'est qu'alors toutes les forces vives y sont
64 tourne'es vers la poursuite de la richesse; mais un temps arrive
65 bient^ot ou` l'intelligence dans ces contre'es neuves se porte a`
66 des spe'culations plus sereines et ou` elle s'e'lance dans le
67 monde des ide'es au lieu de se renfermer comme au berceau dans le
68 monde des faits ....
69 A quelque point de vue que l'on se place, que l'on se
70 renferme dans la conside'ration de la prospe'rite' et de la
71 puissance mate'rielle, de l'autorite' et de l'influence
72 politique, ou que l'on s'e'le`ve a` la contemplation de la
73 grandeur intellectuelle, voici un mot d'une incontestable
74 ve'rite': le peuple qui colonise le plus est le premier peuple;
75 s'il ne l'est pas aujourd'hui il le sera demain.
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77 Source:
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79 Paul Leroy-Beaulieu. . Paris: Guillaumin, 1874, pp. 605-
81 606.
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